Depuis plusieurs années, certains sacs plastiques, en France, ne sont plus fabriqués à partir de pétrole, mais à partir de matières végétales (type amidon de maïs). Cette décision a été prise face au constat du 7ème continent. On considère qu’un 7ème continent est en train de se former en mer, constitué essentiellement de déchets plastiques et surtout de sacs plastiques.
On peut effectivement penser que si les sacs sont biodégradables, une fois en mer, ils se dégraderont et ne polluerons plus les océans. Bien que ceci semble évident, la réalité, comme toujours, est bien plus complexe…
Voici les 4 choses essentielles que vous devez savoir au sujet des sacs biodégradables.
- Les déchets sacs plastiques ne proviennent pas de France
Tout d’abord, les déchets plastiques que l’on retrouve dans les océans sont issus de pays qui ne recyclent pas leurs déchets – souvent pour des problématiques de coût. Une étude démontre que ces déchets proviennent d’Asie, d’Inde, de l’Afrique, dont les côtes littorales sont importantes et qui n’ont pas une gestion optimale de leurs déchets, ou dont les déchets sont charriés par les grands fleuves comme le Gange. Les pays comme la France ne contribuent pas, ou de façon marginale, à ce flux de déchet.
En France, les sacs plastiques se retrouvent dans le flux des ordures ménagères. Une grosse partie est enfouie, une autre partie est de plus en plus souvent incinérée ou recyclée. Dans les 3 cas, le déchet sac plastique ne finit pas dans les océans.
Posons-nous la question de l’enfouissement, choix fait par la France au lieu de l’incinération, contrairement à d’autres pays européen, comme la Suède, qui ont fait le choix de la valorisation énergétique.
- Le bilan environnemental du sac biodégradable est déplorable
Quand on fait l’analyse de cycle de vie d’un sac plastique (études des impacts environnementaux au cours de la vie du produit), on se rend compte que les produits biodégradables sont intéressants pour réduire les impacts en fin de vie, lorsque que le produit est jeté dans la nature. S’il se retrouve en incinération, alors ce n’est plus le cas.
Il faut savoir que les impacts environnementaux de la fabrication d’un sac biodégradable sont plus important que ceux d’un sac plastique, mais surtout, ils ne sont pas les mêmes. En effet, les impacts liés aux sacs biodégradables sont liées à la culture (consommation d’eau, de pesticides, récolte, etc.), alors que les impacts environnementaux des sacs plastiques sont liés à l’extraction des gaz ou pétrole. Or utiliser des ressources liées à la nourriture humaine peut poser des problèmes. Il faut de grande surface, des engins pour la récolte, des silos de stockages, etc.
- Fabriquer des sacs biodégradables dans les pays en voie de développement est compliqué
Ensuite, le procédé de fabrication des sacs biodégradables fait qu’ils sont de deux à quatre fois plus chers, car ce procédé est long et consommateur en énergie. Ceci n’est pas un problème pour nos pays riches mais on comprend que pour les pays plus pauvres, ce coût n’est pas négligeable.
Le coût représente un frein au développement de ces sacs bio sourcés, alors que le problème de pollution des océans vient justement de ces pays. Par exemple, l’Afrique n’est pas prête a fabriquer des sacs alors que la nourriture manque. De plus, les habitants et les gouvernements n’ont pas forcément les moyens financiers pour mettre en place ce type de politique. Ils ont d’autres problèmes à traiter en priorité (maladie, eau buvable, logement, malnutrition) et nous pouvons difficilement la leur imposer.
- L’incinération des sacs bio-sourcés
Enfin, dans une filière d’incinération, les sacs biodégradables brûlent moins bien, et apportent moins d’énergie lors de la combustion. Leur intérêt est donc très limité, Ils peuvent perturber certaines filières de revalorisation.
En effet, un sac plastique en Polyéthylène a un pouvoir calorifique très important et sa combustion, si elle est maitrisée, ne dégage pas de produit toxique. On considère que le fait d’avoir des produits plastiques, facilite la combustion des ordures et évite de devoir apporter des sources d’énergie complémentaires comme le pétrole pour avoir une combustion contrôlée.
Certains pays considèrent qu’il faut laisser une quantité de sacs plastiques (environ 30%) dans les ordures à incinérer, le reste pouvant être recyclé. Les sacs plastiques fonctionnement alors comme un apport de carburant. De plus, le polyéthylène étant recyclable, on peut imaginer le récupérer et le réutiliser, ce qui est d’ailleurs de plus en plus fréquent.
En conclusion, le choix Français d’utiliser des sacs biodégradables ne résoudra pas le problème des déchets plastiques dans l’océan. Les pays qui sont les producteurs de ses déchets n’utiliseront pas de sacs biodégradables, car leur coût est trop important.
Dans ce cas précis, on constate que pour résoudre un problème mondial, on cherche des solutions locales qui ne sont pas forcément adaptées.
Alors quelles pourraient être les solutions ?
Il n’existe pas une solution, mais des solutions différentes, adaptées à chaque pays, en fonction du niveau de recyclage et revalorisation choisi par le pays.
En France, les solutions de recyclage doivent être accélérées, ainsi qu’une bonne gestion de l’incinération, qui évite d’utiliser d’autres combustibles pour notre énergie. L’enfouissement doit rapidement disparaître.
Nous devons voir nos déchets, non plus comme des déchets polluants, mais comme des sources de matières nouvelles.
Pour que les sacs plastiques ne se retrouvent plus dans les océans, le travail doit être fait principalement dans les pays producteurs de ces déchets. La solution ne peut pas se résoudre uniquement en France. Des initiatives sont en cours pour recycler les sacs, pour baisser le coût des sacs biodégradable, pour une meilleure collecte, et nous pensons qu’elles vont dans la bonne direction.
Par Hervé Guerry
En somme ce texte privilégie la continuation d’usage du sac plastiqe. l’un des arguments étant le recyclage; sauf que cette opération ne fait que retarder d’un tour le produit vers la case: déchets. Cet usage très diversifié devient encore moins contrôlable.
Je pense que chaque solution doit être adaptée à l’utilisation et que la réponse pour une économie circulaire n’est pas unique mais multiple. Elle passe par une diminution de consommation excessive de certains produits, par l’utilisation de plastiques recyclées, par de nouvelles matières plus écologiques dont les biodégradables (par exemple, l’utilisation pour des films plastiques agricole ou géotextiles semble intéressant mais à l’heure actuelle difficilement réalisable), la réutilisation est aussi une très bonne solution mais doit aussi s’accompagner d’un recyclage et d’un gestion de la fabrication ainsi que de la fin de vie.
Le recyclage est une solution, mais n’est pas la seule. C’est une solution qui a aussi des effets pervers. En Allemagne le recyclage efficace, avec des consigne, entraine une surconsommation des produits (du moment que c’est recyclé, alors on peut sur consommer).Il en est de même pour l’envoi de nos déchets dans des pays à bas coûts pour retraiter nos déchets (qui à ce moment-là finissent peut être en mer), la chine ne voulant plus le faire (car elle veut recycler ces propre déchets), d’autres pays se positionnent pour la remplacer.
Enfin, l’incinération est aussi une solution, c’est beaucoup mieux que l’enfouissement et que fait-on des milliers de tonnes de déchets actuels ?
De plus, de nouvelles solutions vont apparaitre, il faut donc adapter nos réponses aux enjeux en cours, mais aussi aux enjeux futurs.
Bonjour,
Si les pays développés ne se lancent pas dans le plastique biodegradable alors le cout de ce dernier ne va jamais baisser non?
Les plastiques biodegradables peuvent partir au compost. Certes la plupart partiront en incinération si les français ne font pas le tri. Il faut donc davantage sensibiliser au compost et les inciter à le faire.
Donc les sacs biodégradables peuvent être une solution perenne. Reste à savoir l’impact à la fabrication si la demande est élevée.
Concernant les sacs biodégradables, il faut faire attention : biodégradable ne veut pas dire bio soucé et inversement.
Il existe des plastiques biodégradable issus du pétrole, ainsi que des plastiques bio sourcé non dégradable. De plus certains plastiques biodégradables se décomposent en petites particules et posent d’autres problèmes.
En fin les sacs biodégradables le sont dans un bio composteur et non pas en mer.
De plus il faut faire attention aux ressources utilisées, par exemple, utiliser du maïs ou de la pomme de terre, cultivés de façon intensives dans des pays pauvres pour en faire des sacs chez nous, c’est un risque important, qui permet de baisser le coût des produits, mais avec un bilan environnemental catastrophique. De même demander à des populations d’utiliser de la nourriture pour fabriquer des sacs peut poser de gros problèmes. Leur demander d’avoir des bio composteurs ? ce n’est pas simple.
Attention, biodégradable ne veut pas dire compostable ! Ce qui est compostable est biodégradable mais l’inverse n’est pas vrai.
Bonjour,
Vous avez raison, mais il faut aussi définir ce que veut dire compostable, car utilisé de façon très confuse, à l’heure actuelle. Un produit compostable l’est en général dans des composteur industriel sous températures contrôlées (70 °C)
Pour les sacs, il faut donc les trier de nos déchets pour les composter, ce qui n’est pas fait pour l’instant et difficile à mettre en œuvre.
La solution la plus simple : utiliser des sacs en tissu réutilisable.
Pour les sac en tissu ? il existe aussi des problématiques sur les tissus : coton ? plastiques ? ils finissent aussi dans la mer ?
De plus, il faut regarder le nombre de fois qu’on les utilisent ?
On peut remarquer que depuis l’interdiction des sacs aux caisses des supermarché, les fabricants de sacs n’ont pas disparus. Ils fabriquent beaucoup plus de sacs poubelle !!!
Comment fait-on pour les sac poubelles ?
De plus les sacs réutilisables sont chers. Dans les pays pauvres , les sacs jetables sont utilisés plusieurs fois. Et où finira le sac ? à la mer ?
Le sac réutilisable est une solution parmi d’autres et doit être adapté à l’utilisation.